épArse









Elle écrit :

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J'ai plusieurs fois rêvé que j'étais Julie Delpy. Je racontais sans le vouloir des choses très drôles, j'étais intellectuelle et subtile, je savais rendre sexy mes névroses, les garçons fantasmaient grave sur moi, j'étais nettement plus blonde, j'avais moins de seins et plus de hanches, je parlais anglais parfaitement, je vivais à Los Angeles et Paris me manquait parfois, je jouais dans des films que je réalisais et dont j'écrivais les dialogues, je faisais la couv des Inrocks, les filles m'aimaient bien, je voyageais pas mal, je me prenais pour une chanteuse indé, je râlais assez souvent, je disais bite chatte couille en restant élégante, je lisais des essais sur Truffaut, je mangeais de la junk-food, je baisais assez régulièrement, je signais des autographes, je prenais le taxi, je posais dans Elle pour une série de mode punk-rock, je portais des lunettes qui ressemblent aux miennes, à New-York on disait que j'incarnais à merveille la Parisienne, je riais souvent aux éclats, mon mec était raide dingue de moi. J'aime bien ce rêve.

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C'est un morceau du fragment de son Eparse qui est publié dans le Décapage de cette saison.
Décapage, je suis tombée dessus, et puis dedans à la fin de l'hiver dernier. Pour un texte de Thomas Vinau que je voulais lire.
Bah non, avant je ne connaissais pas.
Je n'en ai pas lu beaucoup de numéros, mais celui-là, c'est mon numéro préféré de toute la vie.

Parce qu'on y parle de ces livres qui peuvent momentanément vous sauver la vie (mais si), et que dedans il y a L'Etranger de Camus. Et que je me souviens très bien de mes premières lectures de Camus. Camus... Alors mon nombril est content.
Parce que dedans y a des mots de Brigitte Giraud, et que je n'arrête pas de les croiser, en ce moment ses mots, c'est rigolo.
Parce qu'il y a Thomas Vinau, à nouveau, avec des mots en peau. Peau de noyau, peau de sanglot. C'est toujours bon à lire du Vinau. Toujours.

Parce qu'il y a de chouettes illustrations dans cette rubrique Créations - nouvelles, fragments et autres distractions. Parce que l'éditeur y glisse des mots en douce et que ça me fait marrer (oui, j'ai la marrade facile, et de nos jours c'est plutôt une aubaine je crois).

Et surtout, surtout, parce que ce morceau de fragment de son Eparse.
Décapage je suis tombée dessus puis dedans y a pas si longtemps. Lisa, je suis tombée dessus puis dedans depuis bien plus longtemps.
On a besoin des doigts des deux mains maintenant pour compter les années.
Les années qui passent et les mains qui se lâchent pas, quand bien même les valses éloignent les pas.


On s'est croisée au détour des blogs (tu te souviens, la grande époque des blogs ? Bé oui, tu te souviens). Ça fait un bail que je lui murmure que tous ses mots, là, sur les pages de son blog, ça fait littérature. Bien sûr que ça fait littérature. Bien sûr, elle ne m'a pas toujours crue. Bien sûr, elle a douté. Elle a repris, articulé, fait la couturière, cousu de fil blanc puis rouge. Bien sûr.


Eparse.


Alors tu vois, je suis fière, hyper fière. Pas de lui avoir chuchoté « tu vois, je te l'avais dit » (alors que, tu sais, j'a-do-re avoir raison !). Non, fière hyper fière de ma Copine. Parce que ma Copine. 

J'en dis pas trop, c'était une torture déjà d'extraire ce morceau de fragment.

J'en dis pas trop, je tais l'entre-les-lignes parce que ça ne regarde que nous. 
Et je dis peu le dedans des lignes. Parce que tu pourras le lire, en long et en large (en travers si tu préfères) un peu plus loin dans la vie, au milieu du prochain hiver (oui, oui, en livre), et que spoiler c'est pas beau.
Tu sais, encore plus que fière, je suis émue, vraiment émue.

c'est édité par Flammarion, ça coûte 15 euros,
il y a deux numéros l'an
et dans ce numéro, du Lisa Balavoine dedans !












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