"L'hiver,
dans cette région, ne se résumait pas seulement à un petit tour de
magie ou à une péripétie malicieuse changeant un foulard brun en
colombe. Non, pas vraiment. En tout cas, il s'agissait d'un peu plus
qu'une simple métamorphose. Du blanc d'abord, bien épais, puis du
gris sale et enfin, à la fonte, la boue, la gadoue. Pendant tout ce
temps, un froid insidieux, amplifié par le vent, qui s'installait à
demeure. Il changeait les animaux, les oiseaux surtout, en fantômes,
en spectre de plumes. Ce n'était pas encore un froid à faire
exploser une corneille ou un merle en plein vol, mais on s'en
approchait. Les oiseaux le savaient et ceux qui restaient se
terraient. Les montagnes tout autour ressemblaient à une banquise
empilée. Même la neige désormais peinait à tomber, comme
suspendue, la respiration arrêtée, ses flocons étouffés. Le
moindre effort devenait une entreprise démesurée."
Se
faire du bien. Lire André Bûcher.
Déneiger le ciel.
Déneiger le ciel.
aux
éditions Sabine Wespieser
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