"Nuits blafardes trouées de
sang, d'éclat vermeils de feu ; alcools brûlants, mer de glace, vidange
des anges, cages pour les fous et les condamnés, flaques de groseilles
du sang anonyme sur le bitume, vache sauvages du Japon, vaches qui
tient, vaches maigres, pourquoi tant de vaches, s'interrogeait Ignatio.
Pourquoi tant de vaches ?"
"Elle refit du café comme du mercure bien chaud en pleurant doucement d'aide ; [...]"
"C'était l'hiver et la ville rêvait avec des lueurs dans le noir, sous une couverture de neige.
Ignatio sortait souvent, enveloppé dans un vaste manteau d'opossum et
chaussé de grands socques de vair et de cuir fauve. Ses pas dans la
neige formaient des dessins qui l'enchantaient. Il entrait dans des
petits bars chauds, illuminés, rouges souvent et buvait des grogs à la
vodka et aux algues pimentées, des petits cafés bouillants aussi noirs
que la nuit du dehors ; il mangeait des sortes de pirojkis, petits pâtés
chauds à la viande de renne, à la pâte moelleuse de farine de blé noir.
L'air des cafés était joyeux à n'importe quelle heure, rouge et bleu de
fumée de cigarette et de feu dans les cheminées."
L'onyx rose
Brigitte Fontaine (
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Flammarion
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