siRius

Il y a la cabane aux étoiles, dont certaines sont noires, haut perchée, il y a la neige, il y a la forêt.
Il y a Avril, qui est un printemps sans le savoir, toute entière occupée à ses terres gelées.
Il y a Kid, l'enfant à la table des hommes, qui sait la langue des bêtes. Et Ésope l'âne qui sait.
Sur la route. Embroussaillée. Âpre. Dure. Éprouvantes. Avec un S, parce qu'éprouvante, elle l'est plein de fois. Entre deux respirations, à peine.
Il y a mes souvenirs de gosse qui font la route avec eux.

Il y a les germinations au creux des glaciations sévères, parce que ça germe toujours n'est-ce pas ?
Il y a les histoires.
Il y a la constellation et le Lien.
Il y a, entre les lignes, la constellation qui est tienne.
Il y a des lumières qui illuminent ta route discrètement. Et je trouve, moi, que l'écriture de Stéphane en est une.

« Au matin, Avril fut réveillée par un tremblement de terre qui fit vaciller la haute cime du chêne. La cabane frissonna et gémit. »

« - […] Les villes et les zéglises, ça existe pas. C'est juste que des dessins sur le Livre. Oui, tout ça c'est que des zinventions. »

« - Moi, en attendant d'être mort, j'espère qu'on sera vivants. Tous les deux. Très longtemps. »

« Oui, elle s'en souvenait, le cochon était comestible et c'était même sacrément bon . »

« Le gamin traînait son ennui sous les voûtes de la chapelle, suivi à la trace par le porcelet noir qui tirait sur sa longe. Il ne parlait même plus de la Montagne. Elle le trouvait de plus en plus souvent prostré. Son visage était creusé, ses cernes noirs. La nuit, elle l'entendait parler dans son sommeil, des phrases incompréhensibles où une brindille rose et le nom de Madame Mô revenaient fréquemment. Le petit était en train de mourir de faim. »

« Le fusil était là, non loin du réchaud. C'était une arme étrange, à la crosse de bois ouvragée, au canon en acier patiné, très long et très fin. Presque plus une œuvre d'art qu'une arme véritable. Avril attendit. Les bruits dans la forêt s'éloignèrent encore un peu plus. Alors elle se releva doucement et s'approcha sans bruit du fusil. Elle avançait la main vers l'arme quand elle vit quelque chose d'étrange suspendu à un crochet à l'avant du chariot, là où pendait également une lampe-tempête. C'était une sorte de collier. Des choses brunes et racornies, comme des piments séchés, étaient enfilées sur une lanière de cuir. Ele secoua la tête et d'un coup, elle comprit.
C était des oreilles. »

Va, lis Sirius et vis*
[*ceci n'est pas une injonction, c'est un sourire, rien qu'un sourire]

Sirius, de Stéphane Servant
Collection Epik aux éditions du Rouergue





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